«on a tous un côté sombre enfoui qui a fait ce que je suis aujourd'hui»
Je suis présentement devant une page blanche. J’efface, je recommence sans arrêt. Je ne sais pas par où commencer, quoi dire, comment faire quoi ce soit de la bonne façon. C’est un peu comment tout le monde peut fonctionner dans la vie ; essayer de faire de son mieux. Je ne sais pas quels mots employés, comment les prononcer et les mettre par écrit pour que ça sonne pas n’importe comment ou que ce soit mal interprété. Car je sais que c’est internet, internet c’est gros et vaste. On voit la page devant nous sans réellement savoir ce que l’on peut atteindre et les proportions que cela peut avoir. Parce que, je peux être bien au courant des impacts que les mots écrits qui restent gravés, peuvent avoir. J’ai déjà été adolescente, grande gueule et accès à une page internet. Avec regret.
Ces derniers temps beaucoup de choses brassent. Autant extérieur, qu’avec moi même. Tout brasse. On dirait que le monde entier réalise qu’ils sont en vie et que d’autres partent.
Je brasse les choses dans ma tête depuis quelques temps, des choses pas nécessairement claires. Que je ne sais même pas encore comment employer sans être vulgaire, mal à l’aise ou juste pas trop sur de moi-même. J’y pense, je tremble. J’arrache mes cuticules, je les ronge, mes doigts sont amorphes. Alors j’essaie de penser à autre chose.
Ça fait maintenant, cinq ans je crois. six ? Je ne me souviens plus. J’essaye de moins possible m’en rappeler. J’ai une trop bonne mémoire pour les dates. C’est assez effrayant parfois.
J’ai tellement réalisé dans les deux dernières années ou presque à quel point il y a des choses que j’aurais du faire ou réaliser avant. Je ne sais pas comment l’expliquer. Il y a des évènements que l’on ne peut pas effacer d’une vie, des évènements qui marquent tellement qu’ils marquent pour toute la vie, alors faut apprendre à vivre avec. Des évènements qui changent complètement notre aspect de tout autour de nous, qui nous font mal. Il y a certains évènements passés que j’aurais peut-être jamais dû garder pour moi, que j’aurais dû avouer avant. Demander l’aide nécessaire pour passer par dessus tout ça. Je n’avais que quinze ans. La peur me ronge encore. J’écris tout ça et je ne sais toujours pas si je vais avoir le cran de le faire lire à qui ce soit. C’est comme un coming out, sans être un coming out qui fait du bien, car il fait mal. J’ai l’impression qu’en l’écrivant je peux réduire quelques dommages à celles qui liront, à celles à qui ça arrive.
Je ne veux pas mettre de nom nul part, je ne veux pas que personne se fasse une idée de qui je parle ni ne parte d’idée de base. Car personne ne sait qui j’ai réellement fréquenter lorsque j’étais plus jeune. Je ne veux pas faire de démarches, je veux vivre ça, de mon côté sans faire de bruit plus fort qu’ici. Je demande que ce simple et minime respect de ce côté là à la suite de cette lecture. C’est déjà très dur pour moi.
J’ai été emprise par quelqu’un lorsque j’avais une tête beaucoup trop jeune pour comprendre ce qu’était ce mot, beaucoup trop jeune pour avoir accès à ce genre d’informations et les comprendre. J’ai. Je sais pas comment le dire. Trouver les mots justes pour décrire cette histoire, sont si durs, on dirait que rien n’est assez puissant avec le temps pour décrire toute la pression que cela m’a mise par la suite de tout gérer cela par moi-même jusqu’à temps que je l’avoue à quelqu’un de mon entourage et que sa réaction me révèle que c’était plus grave que je le croyais.
J’ai peur que ça paresse futile. Que ce soit moi qu’on humilie comme on l’a déjà fait par la suite de ces évènements.
Lorsque j’étais plus jeune, j’ai toujours été excessivement timide et eu beaucoup de difficulté à m’approcher des gens autour de moi. Par gêne uniquement. J’avais quand même une belle vue de moi-même, sans penser que j’étais parfaite car au début de l’adolescence on a tous nos complexes quelconques qui nous marque. Autour de moi on parlait déjà de copains, d’amour et de relations. J’étais beaucoup plus jeune mentalement car tout ça ne m’intéressais pas, j’étais plutôt lunatique et je voulais aimer encore pour toujours mes playmobiles. Et puis il y a eu cet été-là, ou un garçon a eu un intérêt envers moi. C’était la première fois, théoriquement, que l’on m’accordait autant d’attention. Je l’ai retenu, admirative. J’ai toujours été de nature naïve jusqu’après cette histoire, très naïve, il était très facile pour moi de me marcher sur les pieds même si j’avais un gros caractère. Lorsque la personne avait une « vibe » qui était capable de m’intimider, je me laissais facilement faire par peur d’être humilier et que l’on se moque de moi. Je détestais le regard des autres. La « relation » s’est entamée. Tout sauf saine. Il était possessif, agressif dans ses gestes et paroles. Il me faisait peur, plus le temps avançait. Je n’étais pas capable de partir, sous les menaces, j’avais peur pour moi et de perdre mon entourage si je finissais par le quitter. Je devenais folle. Folle de peur. Dès que je ne l’écoutais pas, que je parlais à quelqu’un de mon entourage qu’il n’aimait pas, je me faisais cracher dessus, insulter et rabaisser publiquement sur internet, à mes amis et en pleine face. Une confiance piétinée pendant des mois. Cette année là, j’ai été contrainte de me laisser faire sous la peur. Sous l’influence de l’alcool que l’on avait glissé dans mes verres, et autres drogues. La partie la plus difficile que j’ai eu à avouer quelques années plus tard même… La partie que je n’avais pas vraiment réalisé car elle était tellement irréaliste qu’on dirait que je ne voulais pas le savoir. J’ai dû, le mot est juste, donner mon corps sous la peur. Sous des menaces de me faire mal, j’ai dû contre mon gré, offrir mon corps. Un petit corps d’une fille de quinze ans. Ça paralyse. On dirait que je ne le réalise pas encore, j’ai tellement été habituer de vivre avec tout ça que ça sort comme si c’était normal car je n’ai pas envie d’avoir mal. J’ai constamment mal. J’ai été humiliée par la suite de tout ça, partout sur internet des commentaires sur mon corps et mon apparence. À n’importe quel âge ce genre de choses est dur à encaisser. Dans la tête d’une fille de quinze qui a déjà beaucoup de difficulté à vivre la façon dont sa première fois a été, c’est encore plus dur.
Il a fini par me quitter aussi brusquement qu’il est arrivé, mais laissant à chaque jour un creux plus profond à tout ce que je ressentais, l’abandon, le crachat sur ma personne qui me faisait tellement mal que j’avais de la misère à me supporter moi-même, le mal de vivre que j’ai eu même des années plus tard à devoir encaisser et essayer de me dire que je ne méritais pas ça, même si souvent je pensais le contraire. Je me suis sentie sale tellement longtemps. Humiliée. J’ai eu l’impression que ma personne n’existait pas pour vrai pendant si longtemps. Les menaces, les commentaires dégradants et les ricanements à mon sujet faite par une personne que je croyais qui m’aimait. C’était tout sauf de l’amour.
Les menaces, les gens qui m’ont écrit d’aller me tuer à quel point je devais être dégueulasse, nue. Parce que ce garçon l’écrivait partout où ça lui faisait plaisir de le faire croire et dès que je répondais trop fort et essayais de me défendre. C’est moi qui se faisait humilier encore plus. Alors que les images que j’avais en tête se faisait plus clair, parce que tsé, de l’alcool ou de la drogue dans un verre pour avoir ce que l’on désire plus facilement, ce n’est pas normal. Le réaliser. Le camoufler. Par peur d’être encore plus humilier.
Juste réaliser que tout ça n’était pas un acte normal, ça fait mal.
Je ne sais pas comment trouver les mots justes. Juste l’écrire est dur.
J’avais peur. J’ai eu encore peur jusqu’à tout récemment. Je n’ai jamais porter plainte, jamais rien dit à ce sujet à voix haute. Le gars s’en ai sorti indemne et je sais qu’il a fait le même coup à d’autres filles par la suite… Plus jeunes.
Je ne souhaite les sentiments et les répercutions que cela a eu dans ma vie à personne.
J’écris aujourd’hui parce que je sais que certaines peuvent être dans la situation, et je sais que je ne suis pas l’exemple à suivre.
Je crois, aujourd’hui, sincèrement qu’il faut dénoncer ce genre d’action. Autant futiles qu’elles peuvent avoir l’air, même si dans votre tête ça sonne comme rien.
Si ça fait mal c’est que c’est pas normal.
J’ai vingt ans aujourd’hui et je vis encore avec des séquelles reliées à ces évènements. Autant les paroles écrites à mon sujet sur les réseaux sociaux que les gestes et paroles commises par cette personne. J’ai tellement eu de la misère à m’accepter et me rétablir, tellement eu de difficulté avec moi-même par la suite. J’ai eu beaucoup de problèmes de comportement par la suite, beaucoup de problèmes d’acceptations et beaucoup de problèmes avec mes contacts extérieurs.
De là est venu ma crainte des gens, ma crainte de me retrouver dans un endroit public avec beaucoup de gens, ma crainte constante d'être humiliée. Mon anxiété. Lorsque j'ai réalisé que beaucoup de répercutions venaient de ces évènements, j'ai beaucoup travailler sur moi-même. Et je dois le faire encore, chaque jour. Je suis méfiante, craintive et très facilement sur la défensive.
Je n'aime pas les gens et la facilité qu'ils ont à faire du mal autour d'eux.
Je n'aime pas les gens et leurs façons de ne pas porter attention à autrui et de juger trop facilement sans connaître le passé.
J'ai appris à prendre le temps pour moi, j'ai appris le temps que je devais m'accorder et j'ai appris à bien choisir les gens qui m'entourent. Et je crois que cela est valable pour n'importe qui. J'ai dépensé tellement d'énergie en stress lorsque j'ai écrit ce texte que je ne sais pas comment le finir.
Je ne le répèterais jamais assez à quel point dire je t'aime aux gens autour de nous fait du bien et aide à se faire sentir mieux, car moi, ça m'a aider souvent.
N'importe qui a une histoire, personne n'est parfait à 100%. On a tous notre côté sombre, et lorsque quelqu'un décide de s'ouvrir et de nous montrer chaque aspect d'eux mêmes c'est unique et digne de confiance. J'aurais aimer agir lorsqu'il était encore le temps, mais je suis contente de comment j'ai vieilli et appris à encaisser avec le temps. Ça fait la personne que je suis, autant détruite intérieurement que j'ai pu l'être.
Je devais partager cet aspect, aussi lourd qu'il peut l'être.
Cette histoire est même si je n'aimerais pas, une partie de moi.